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Points de vue

Philia

Jacques Dufresne

 

Le mot grec philia, signifiant amiti�, d�signe aussi un groupe de r�flexion fond� en 1998 par des amis de Colombie-britannique et du Qu�bec. Amiti� (en g�n�ral) est le premier sens du mot philia, mais Aristote donne parfois � ce mot le sens d�amiti� civique, ce sentiment d�attachement, diff�rent de l�amiti� entre deux personnes, qui lient entre eux les membres d�une cit�. C�est ce sens particulier du mot philia que les fondateurs du groupe de r�flexion avaient � l�esprit quand ils l�ont choisi pour d�signer leur projet. �La philia, quel que soit l'�quivalent fran�ais adopt�, c'est la r�serve de chaleur humaine, d'affectivit�, d'�lan et de g�n�rosit� (au-del� de la froide impartialit� et de la stricte justice ou de l'�quit�) qui nourrit et stimule le compagnonnage humain au sein de la Cit�: et cela � travers les f�tes, les plaisirs et les jeux comme � travers les �preuves. La philia, c'est aussi le sentiment d�sint�ress� qui rend possible de concilier, comme le veut Aristote, la propri�t� priv�e des biens et l'usage en commun de ses fruits, conform�ment au proverbe -repris par l'auteur de la Politique � l'appui de sa th�se oppos�e � celle de Platon- qu'entre amis "tout est commun"�. (Jean-Jacques Chevalier, Histoire de la pens�e politique, tome 1, Payot, Paris 1979.)

 

Rappelons que, pour Aristote, l�homme est un �tre naturellement sociable,un zoon politikon, et que, par cons�quent, dans des conditions normales , il devrait suffire pour le civiliser de ne pas nuire � l�expression de sa sociabilit� naturelle. Par cet appel � Aristote, les fondateurs de Philia prenaient leurs distances par rapport � la th�se selon laquelle� l�homme est un loup pour l�homme.� Cette th�se, formul�e pour la premi�re fois par le po�te latin Plaute, a ses racines modernes chez Hobbes. Elle nous invite � la m�fiance � l'�gard de l'autre, � des pratiques et des institutions de m�me inspiration.
 

Les id�es auxquelles nous avons r�fl�chi prennent de plus en plus de sens et de pertinence � mesure que se confirme le fait que le march� et l'�tat ne peuvent assurer seuls le progr�s de soci�t�s, qu'il faudra de plus en miser sur ce troisi�me secteur que nous pr�f�rons appeler la sph�re du don ou la philia, � l'instar de Michel Walzer:'' Le don repr�sente encore aujourd'hui l'une des fa�ons d'exprimer cette �motion politique qu'Aristote nommait l'amiti�, la philia.''

En 2003, en partenariat avec Plan et l�Institut de recherche et d�enseignement pour les coop�ratives de l�Universit� de Sherbrooke (IRECUS), L'Agora organisait, sur le th�me L'�tat, le march� et la philia, un colloque qui prend tout son sens aujourd'hui. On a cru pendant longtemps que L'�tat et le march�, en se d�veloppant chacun de leur c�t�, selon leur logique et en int�grant � cette logique une part croissante du troisi�me secteur, que nous appelons ici la sph�re du don ou la philia, pourraient assurer efficacement l'avenir des soci�t�s

Ce colloque nous aura permis de d�monter qu' une croissance qui conviendrait � la fois aux hommes et � la nature serait caract�ris�e par un renversement de la tendance actuelle : au lieu d��tre envahie par les sph�res du march� et de l��tat, et d��tre consid�r�e comme n�gligeable, la philia, la sph�re du don, serait consid�r�e comme la plus importante des trois et servirait de mod�le aux deux autres.

� l'occasion de ce colloque nous avons publi� un num�ro du magazaine l'Agora sur le th�me: L'�tat, le march� et la  philia. On peut lire ce num�ro en format PDF.

Nous avions publi� ant�rieurement un num�ro intitul� Philia et un autre intitul� R�silience

Voir auss aussi le site Philia et en  particulier la page sur les cinq types d'action favorisant cette r�silience sociale que Philip Blond et David Cameron apellent de leurs voeux sous le nom de Grande soci�t�.

 

 

 

 

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