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Points de vue

Le programme du Premier ministre David Cameron

Al Etmanski

Al Etmanski est un entrepreneur social voué à la cause des personnes vivant avec un handicap. Il est le président et le co-fondateur de Planned Lifetime Advocacy Network (PLAN), et de PLAN Institute un des partenaires-éditeurs d'Appartenance-Belonging.

« L’État providence et le Marché sont à l’heure actuelle deux mourants qui devant leurs échecs se soutiennent l’un l’autre» clame Philip Blond, un intellectuel proche du nouveau PM anglais David Cameron. Le Royaume-Uni est manifestement à la jonction d’un carrefour. Son gouvernement fait face à des défis financiers majeurs. Il ne convient sans doute pas de les comparer à l’économie actuelle de la Grèce, mais ils reflètent bien l’ampleur des pressions financières.

Maintenant que David Cameron occupe la fonction de Premier Ministre de Grande Bretagne, il faut prendre la peine de connaître son point de vue sur la société civile. Cameron a fait sa campagne sur le thème de la Grande Société. Il a montré la nécessité de rétablir l’équilibre entre le secteur civique (la Grande Société), le secteur public (le Grand État) et le secteur privé (les Grandes Affaires). On retrouve parmi ses idées la contribution des citoyens, la reconnaissance des biens propres à la communauté, l’autonomie et les coopératives de services publics. En principe, Cameron veut donner une nouvelle vie à l’engagement volontaire, à la participation démocratique, aux réseaux des localités, à la coopération sociale et à la contribution des citoyens. Il rejette la conception de la politique selon laquelle un gouvernement est seul à définir d’en haut les problèmes de la société. Il veut changer le rôle du gouvernement de telle sorte qu’il soutienne la société civile mais sans la supplanter. Il souhaite faire de ce qu’on appelle le troisième secteur, le premier secteur.

Lorsqu’on lit les discours de Cameron on voit à quel point son expérience de père d’un enfant atteint d’un handicap a influencé son point de vue sur le caractère implacable des solutions imposées par le gouvernement. Malheureusement, l’enfant est décédé récemment. Il reste à voir si cela alimentera ses résolutions politiques maintenant qu’il est Premier ministre. La façon dont le programme de la Grande Société (Big Society) se mettra en place au Royaume uni nous donnera un aperçu de la façon dont les autres gouvernements, ligotés par leurs problèmes financiers, y compris le Canada, seront en mesure de composer avec leurs défis sociaux dans le futur.

L’intellectuel connu sur la place publique et qui a visiblement influencé Cameron tout au long de sa campagne politique est Philip Blond l’auteur de Red Tory - How Left and Right Have Broken Britain and How We can Fix. Blond se considère comme un vrai libéral obsédé à la fois par les pouvoirs centralisateurs des gros gouvernements (Tony Blair/ Gordon Brown et New Labour et le parti travailliste) et la dépendance excessive au marché (Margaret Thatcher/ John Major et les Conservateurs). Ce n’est pas par hasard que la propre femme de Blond a joué un rôle stratégique pendant la campagne de Cameron.

Blond critique aussi bien Thatcher que Blair. Bien qu’issus de formations politiques différentes, il soutient qu’ils ont créé une société atomisée, éclatée qui a déchiré le tissu relationnel qui unit une communauté et qui a détruit le sentiment d’appartenance. Dans un essai qui fut très discuté en février 2009, dans le magazine Prospect, Blond écrivait: « Regardez à quelle société nous appartenons maintenant. Nous sommes une nation bipolaire, un état bureaucratique, centralisé, qui règne de façon dysfonctionnelle sur une citoyenneté de plus en plus fragmentée, privée de tout pouvoir et isolée. » Dans un autre essai, il ajoutait: « L’État providence et le Marché sont à l’heure actuelle deux mourants qui devant leurs échecs se soutiennent l’un l’autre. »


Blond insiste constamment dans ses écrits sur la nécessité de changer la culture politique du Royaume uni qui est orientée vers les choix individuels et de la remplacer par une culture orientée vers les liens entre les individus, les associations communautaires, et par ce que nous avons personnellement décrit dans notre travail comme le ciment qui nous unit les uns aux autres : le sentiment d’appartenance. Voici quelques passages fondateurs de la philosophie du programme de la Grande Société de Cameron, tirés de Red Tory :
• Il n’est pas possible de jouir d’une culture vivante qui soit imposée du haut vers le bas.
• Il vaudrait mieux alors être cloué chez soi devant la télé à regarder l’émission Friends plutôt que de se faire soi-même des amis.
• La famille élargie a été détruite et la famille nucléaire est aussi en train de disparaître. La grande majorité d’entre nous ne disposent d’aucun pouvoir, ou d’un tout petit pouvoir, sur leurs propres communautés; nous travaillons à l’intérieur de paramètres établis par d’autres à partir de programmes imposés de l’extérieur.
• Notre culture, à son meilleur, s’est toujours adressée à l’ensemble des citoyens, et du haut de l’échelle sociale jusqu’en bas, elle nous a toujours appelés à une vision universelle d’un Commonwealth uni.
L’État providence a commencé par détruire la vie indépendante de la classe ouvrière. Cette nouvelle conception des rapports entre l’État et le citoyen a transformé le peuple en une société suppliante qui dépend de l'État plutôt que d’elle-même et a fait avorter les traditions indigènes de débrouillardise et de soutien mutuel de la classe ouvrière.

Blond ne manque pas de remèdes : il égratigne au passage l’analphabétisme du monde des affaires, il propose de renforcer la participation aux affaires, de sortir les ménages de la pauvreté et d’investir dans la société. Les chapitres contenant ces solutions sont “The Moral Market, Creating Popular Prosperity and the Civil State.”:

Le RU est manifestement à la jonction d’un carrefour. Le gouvernement du RU fait face à des défis financiers majeurs. Il ne convient sans doute pas de les comparer à l’économie actuelle de la Grèce, mais ils reflètent bien l’ampleur des pressions financières.

Ce qui n’est pas clair c’est quelle route le RU doit emprunter. Est-ce qu’il va simplement faire supporter les coûts par le secteur bénévole, par les fondations en espérant que ce secteur s’en tire malgré la diminution du soutien financier de l’État ? Ou choisira-t-il de développer un vrai partenariat avec la société civile qui renforcerait sa capacité à définir ses propres problèmes, trouver des solutions, mobiliser toutes les qualités et les actifs de ses citoyens et les laisser décider quand et comment ils ont besoin de l’aide du gouvernement ?

Nous avons la chance ici au Canada d’être aux premières loges pour recueillir des enseignements des expériences du RU. Nous sommes en mesure d’observer leurs tentatives en sachant que nous nous retrouverons à la même croisée des chemins au cours des cinq ou dix prochaines années. La façon dont Cameron et son allié Nick Clegg s’attaqueront à ces défis nous fournira une connaissance et une expérience des choses à faire et à ne pas faire.


Traduction : Hélène Laberge

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