
Les circonstances nous donnent nos lieux d'appartenance, la culture les rend attachants et nous permet de les habiter. Chaque objet s'accroît de tous les souvenirs que nous pouvons lui rattacher. Les tableaux d'Emily Carr n'ont-ils pas resserré les liens des Britanno-colombiens avec leurs montagnes, leur ciel et leur mer? Par la grâce de la poésie, même des feuilles mortes peuvent devenir des liens vivants.Ce hêtre près de votre maison vous est indifférent, vous ignoriez jusqu'à son nom et vous n'aviez pas remarqué qu'il conservait ses feuilles mortes tout l'hiver. Jusqu'à ce qu'un poème vous le révèle. C'est la même poésie qui nous révèle la présence à nos côtés de personnes que notre indifférence attristait. Voyez dans l'histoire qui suit la joie qui envahit ces personnes quand elles sont touchées à leur tour par la poésie.
Illustration d'Harold Lejeune (L'Arche Beloeil) pour l'affiche du spectacle du groupe La Pièta.
«Je suis le fils déchu d'une race surhumaine. [...]
Par nos ans sans vigueur, je suis comme le hêtre
dont la sève a tari sans qu'il soit dépouillé,
Et c'est de désirs morts que je suis enfeuillé,
Quand je rêve d'aller comme allait mon ancêtre».
Alfred Desrochers